Alors que je marchais, j’ai aperçu en bord de route un animal blessé…
Je croyais un oiseau mais en m’approchant, cela ne faisait plus aucun doute qu’il s’agissait d’un ange.
Un ange blessé, c’est assez rare alors je l’ai emmenée pour la soigner…
Chaque jour qui passait la voyait aller mieux, et elle pourrait bientôt prendre son envol. C’est à ce moment-là, que, peur de la perdre pour toujours je l’attachais…
C’est à ce moment-là aussi, qu’elle perdait le regard doux que j’aimais tant …
On n’attache pas les anges, c’est mauvais pour eux, c’est mauvais pour nous.
C’est surement à cause de gens comme moi qu’ils se cachent tout le temps.
Il est des personnes dont on ignore l'existence. Des gens qui œuvrent en toute discrétion. Ces vies passées dans l'absolue indifférence, et qui font souvent place à l'oubli pour l'éternité...
Ne faisons plus comme si ces gens n'avaient jamais existé.
L'histoire d’Auguste Pen Kalet en est l'illustration...
Au 36 quai des Orfèvres le cas d’Auguste Pen Kalet, inconnu des services de police, étonne très rapidement. L’étrange Gentleman aux lobes exagérés (l’héritage d’un voyage dans les tribus Mursi en lutte alors avec l’esclavagisme…) vit dans la pauvreté la plus totale dans les faubourgs ouvriers de Paris. Dans son minuscule appartement au premier étage du coin de la rue de la Seine, nulle trace des 12 lingots d’or récemment dérobés.
Son arrestation pour cambriolage de coffre-fort ne fait pourtant aucun doute…Son vice ayant été commis au cours de la réception fastueuse du préfet de Police… Il fut pris sur les lieux, une main dans le coffre l’autre sur un verre d’absinthe. L’or a priori plus volatil que l’absinthe ne se trouvait déjà plus là…
Le 3 Août 1914, à la faveur d’un accord sur le moment inespéré, Auguste Pen Kalet part pour la grande guerre d’où il ne reviendra pas. Quelques récits de poilus racontent toutefois l’histoire d’un gars peu ordinaire qui savait agrémenter les repas de toute sa tranchée de mets délicieux que l’on ne trouvait que sur les tables des officiers….loin derrière...
C’est pourtant le 5 Aout 1914 que Pen Kalet fit son plus gros braquage, à distance, en ouvrant plus d’une cinquantaine de coffres des plus difficiles à ouvrir que sont les cœurs…ceux des familles de la rue de la Seine… Celles - là même qu’il croisait chaque jour avec un petit mot pour les enfants, une bonne poignée pour les jeunes hommes et un levé de chapeau dans les normes pour les femmes (peu habituées à cela dans le quartier…mais ravies).
Ces douze familles exsangues de la rue eurent la surprise de découvrir un précieux paquet bien lourd dans leur courrier, et pensèrent immédiatement à ce bon vieil Auguste…
De l’Afrique à Paris, on entend de nos jours encore, au crépitement des feu de bois les soirs d’été, sous la mélodie grave des ailes des hannetons, l’histoire extraordinaire d’un cambrioleur au cœur d’or en faisant ainsi à ce jour l’un des ouvreurs de coffres les plus prolifiques… Des coffres en tous genres.
Cette histoire contribuera je l’espère à agrandir encore son palmarès…
La poupée numéro 5 dotée d’un haut-parleur intelligent fit le bonheur de nombreuses petites filles durant les années 50. Elle pouvait entretenir d’interminables conversations qui se prolongeaient bien souvent après des heures indignes d’enfants sages…
Depuis ce jeudi après-midi lors de la sortie au jardin d’enfants où elles avaient ri aux éclats, la poupée numéro 5 ne parle plus...Si les poupées ne changent pas, les enfants, eux, grandissent de manière soudaine.
Dans sa main le sable de la dernière sortie, toutes ces années retenu, s’écoule une dernière fois…
La petite fille ne reviendra plus, c’est sûr maintenant…
Et La poupée numéro 5 ne parlera plus....
Lorsque l’on tend l’oreille, on entend des sanglots sortant du haut-parleur oxydé par les larmes…
On ignore souvent la raison de la présence des fantômes.
Pour certains, toutefois, c’est une évidence.
Adèle aimait tellement son violon d’Etude qu’elle ne pouvait se résoudre à l’abandonner.
Chaque matin, je le trouvais en une nouvelle place… Adèle prenait grand soin à ne pas me réveiller …
Et ce n’est que d’un œil que je l’ai vu pour la première fois se déplacer à pas de velours vers son doux violon…
Adèle disparaissait au petit matin, laissant son instrument ici ou là…
Pourtant un matin, avec le réconfort de son violon, elle oublia de partir.
De loin, on aurait cru qu’elle dormait… Car tout fantôme qu’elle était, Adèle n’avait rien d’effrayant. Ce fût de début de notre brève amitié…
Une amitié étrange sans mots échangés. Une amitié facétieuse qui peu à peu rythmait mes journées. Adèle aimait me surprendre en se jouant de la musique crépitante du Phonographe…
Et puis… un jour, Adèle joua une mélodie bien triste, ponctuée d’un long silence…
Ces mélodies aphones, inaudibles et douloureuses...
Qu’elle était sombre ma pensée pour que d’une seconde je passe de vie à trépas, d’un simple geste du pouce.
Je n’ai pas souffert, ou je ne m’en rappelle plus.
Pourtant aujourd’hui ma peine est toujours là…
Je m’appelle Blanche, et je suis morte.
Une simple seconde, et ne plus jamais se relever.
Ma chute est enivrante, violente…Interminable.
Cette seconde-là est interminable.
Mais tout à une fin…
L’odeur de poudre envahit une dernière fois mes poumons.
C’est une belle journée pour partir. Il me semble voir le soleil…
C'est ça, Il me brûle maintenant.
Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi vivante et pourtant…
J’étouffe
Un dernier effort pour tourner la tête vers le ciel, en espérant qu'il m'attende.
Puis, peu à peu mon corps viendra alimenter cette terre, et la vie continuera… sans moi.
Quelle était sombre cette pensée…
Je m’appelais Blanche…
Il est des personnes dont on ignore l'existence. Des gens qui œuvrent en toute discrétion. Ces vies passées dans l'absolue indifférence , et qui font souvent place à l'oubli pour l'éternité...
L'histoire de Jules Legrand en est l'illustration...
Ne faisons plus comme si c'est gens n'avaient jamais existé.
Pionnier de l’aviation, c’est par hasard au début de la guerre que Jules Legrand intégra l’aéropostale au côté des Mermoz, Saint Exupéry, Guillaumet… Un jour de tempête de 1940, il s’envola depuis l’Angleterre pour transmettre des courriers de la plus haute importance à la Résistance Française. Frappé deux fois par la foudre (ce qui allait soit dit en passant à l’encontre de la maxime populaire), le contrôle de l’avion fût rendu impossible…
Dans un dernier geste avant l’impact fatal, il lança dans les airs les sacs de jute contenant les précieux messages, puis glissa sa main dans sa veste de cuir. En sorti un pli jaunâtre qu’il lâcha délicatement dans l’air…
Le sac tomba dans un village de la zone libre et la distribution vers les réseaux de résistance se propagea en quelques heures.
Ce soir-là, ce sont près de 7300 femmes qui ont pu continuer à voir leur mari grâce à ces messages qui avertissaient les réseaux de résistance près à être démantelés.
Ce soir-là, une femme ne revit pas son mari…
Le pli lâché in-extremis par Jules, était tombé au sol ….Il portait l’inscription à ‘Remettre au 2rue Georges Musset, 17000 La Rochelle’ et avait trouvé une bonne âme pour exécuter cette demande posthume.
Deux semaines plus tard, Geneviève Legrand recevait le message sur lequel était écrit :
‘Je serai toujours près de Toi…Toujours.’
Ici il n’y avait pas de projecteur pour diriger le regard des spectateurs car le spectacle était partout. La lune était l‘unique lanterne de ce cirque magique et c’est en me disant cela et cherchant inconsciemment la lune que nous vîmes à une hauteur fort honorable une femme perchée sur un trapèze qui semblait flotter dans l’air…Des ballons maintenant l’ensemble dans un équilibre incertain…
Les musiciens jouaient un air léger, aérien… et le numéro de ‘Colibrine’ (c’était son nom) commença. Des oiseaux virevoltaient autour d’elle dans un ballet insolite. Le vent tiède de cette nuit d’été donnait à ce moment un parfum étrange de rêve éveillé. Un moment …suspendu.
Et c’est à ce moment précis, magie du spectacle et de ses impondérables qu’un ballon éclata. Colibrine manqua de chuter (certes gracieusement), laissant choir son haut de forme...
Dans l’assistance, à l’unisson, nos cœurs cessèrent de battre un instant… puis …
BOOM !
Tel un troupeau d’éléphants se firent entendre de nouveau….
Pour éviter la chute, Colibrine avait sorti ses ailes se résignant ainsi à livrer son merveilleux secret….
Cette fin de numéro imprévue (l’était-elle vraiment) fut pour nous tous, un merveilleux moment. Nos cœurs s’étaient emballés, nous nous sentions en vie et heureux d’être là, conscients d’être au cœur d’une représentation unique… d’une artiste mi femme mi oiseau …d’un cirque magique…
La poupée numéro 8 fut un chef d’œuvre de technologie hyperréaliste pour l’époque. Réputée quasi indestructible (à tort vous l’aurez compris), la Manufacture des poupées de Waltershausen dû se résigner à rappeler ses modèles et sortir le modèle 8a, évolution ‘oculaire’ de la dite poupée. Cet exemplaire n°8 est à notre connaissance le dernier en état (à l’œil près…évidemment…)
La poupée 8a, évolution (un peu forcée) de la poupée n°8 ne vit pas uniquement une modification de l’œil incriminé… L’ingénieur Tony Martin’s y ajouta un système de mobilité de la tête très ingénieux par l’assemblage de rouages, contrepoids en plomb, et quelques ficelles de lin.
La poupée se mettait ainsi en mouvement à chaque tremblement comme si elle entendait et voyait les choses.
Ceci ne manqua pas d’alimenter les peurs d’enfants.
Par ses créations hyperréalistes la manufacture de Waltershausen contribua à sa manière et fort involontairement à l’avènement des poupées plastiques sans âme…
Dans quelques greniers encore, à la faveur de quelques tremblements, quelques jouets dans des malles se mettent à bouger, le petit singe tapant quelques dernières fois ses cymbales, l’acrobate faisant un demi-tour de trapèze…
... tout ça sous l’œil intrigué de la poupée n°8a.
Il est des personnes dont on ignore l'existence. Des gens qui œuvrent en toute discrétion. Ces vies passées dans l'absolue indifférence, et qui font souvent place à l'oubli pour l'éternité...
L'histoire de Marcel Nemoz en est l'illustration...
Ne faisons plus comme si ces gens n'avaient jamais existé.
En 1869 , la flotte française teste dans un secret absolu un nouvel appareil révolutionnaire évoluant à 5000 lieues sous les mers . Le projet 'NAUTILE' ne vit jamais le jour pour d’obscures raisons, mais, ce 11 Aout 1869, 56 vies furent sauvées... Pourtant jamais personne ne souleva cet acte héroïque que fut le combat d'un homme contre le monstre des mers...
Marcel ne raconta qu'une fois son histoire dans un bar du port, à une heure bien tardive. Seul ce Monsieur Verne Jules l'entendit...
Il est des personnes dont on ignore l'existence. Des gens qui œuvrent en toute discrétion. Ces vies passées dans l'absolue indifférence, et qui font souvent place à l'oubli pour l'éternité...
L'histoire d'Oliver W.Scott en est l'illustration...
Ne faisons plus comme si ces gens n'avaient jamais existé.
Brillant élève de la Faculté de Copenhague, de 1916 à 1921 où il côtoya Niels Bohr, Oliver W.Scott mit au point en fin de cursus universitaire une chambre protonique relié à un propulseur capable vous l’aurez compris hue égard e+ e- --> 2gamma , d’annihiler la matière.
Fort inspiré par cette découverte et conscient du pouvoir destructeur d’une telle arme, Oliver W.Scott décida de poursuivre ses recherches en Egypte, en plein désert ou seuls quelques bédouins intrigués étaient témoins de ces étranges lumières capables de rivaliser avec les crépuscules du Caire (oui, c’est beau mais c’est dangereux)…
Le 3 janvier 1929 à 9:22 précisément (une note sur son carnet personnel en témoigne) Oliver W.Scott observe depuis son laboratoire de campagne un changement de temps anormal dans le ciel jusqu’ici azur. De gros nuages (de type Bretons pour les amateurs de météo) apparaissent. Puis à 9 :27 toujours d’après le carnet de note personnel O.W.S entend un fracas extraOrdinaire. Ses notes sont alors un peu confuses pour l’époque, puisqu’il décrit ce qu’il voit comme un service à thé volant (sans la théière)…finissant sa phrase par un mot plus compréhensible… « Des soucoupes, en somme »…
Ces objets venus du ciel peu enclins au dialogue furent pour le moins surpris de trouver une réponse à leur démonstration de force. Et c’est à 9 :41 soit exactement 14 minutes après le fracas que le dernier envahisseur heurta le sol, se désintégrant (ou l’inverse)…
Evidemment les plus sceptiques douteront de la réalité de ce compte rendu…
C’est l’un des « désavantages » de la désintégration par accélération protonique de ne laisser de trace … C’est l’une des vertus de ces héros discrets que de se passer de gloire.