La poupée numéro 5 dotée d’un haut-parleur intelligent fit le bonheur de nombreuses petites filles durant les années 50. Elle pouvait entretenir d’interminables conversations qui se prolongeaient bien souvent après des heures indignes d’enfants sages…
Depuis ce jeudi après-midi lors de la sortie au jardin d’enfants où elles avaient ri aux éclats, la poupée numéro 5 ne parle plus...Si les poupées ne changent pas, les enfants, eux, grandissent de manière soudaine.
Dans sa main le sable de la dernière sortie, toutes ces années retenu, s’écoule une dernière fois…
La petite fille ne reviendra plus, c’est sûr maintenant…
Et La poupée numéro 5 ne parlera plus....
Lorsque l’on tend l’oreille, on entend des sanglots sortant du haut-parleur oxydé par les larmes…
On ignore souvent la raison de la présence des fantômes.
Pour certains, toutefois, c’est une évidence.
Adèle aimait tellement son violon d’Etude qu’elle ne pouvait se résoudre à l’abandonner.
Chaque matin, je le trouvais en une nouvelle place… Adèle prenait grand soin à ne pas me réveiller …
Et ce n’est que d’un œil que je l’ai vu pour la première fois se déplacer à pas de velours vers son doux violon…
Adèle disparaissait au petit matin, laissant son instrument ici ou là…
Pourtant un matin, avec le réconfort de son violon, elle oublia de partir.
De loin, on aurait cru qu’elle dormait… Car tout fantôme qu’elle était, Adèle n’avait rien d’effrayant. Ce fût de début de notre brève amitié…
Une amitié étrange sans mots échangés. Une amitié facétieuse qui peu à peu rythmait mes journées. Adèle aimait me surprendre en se jouant de la musique crépitante du Phonographe…
Et puis… un jour, Adèle joua une mélodie bien triste, ponctuée d’un long silence…
Ces mélodies aphones, inaudibles et douloureuses...